Apprendre à recevoir
Dernièrement, j’ai reçu deux personnes qui m’ont fait part du même sentiment : celui de la culpabilité d’être ici, dans la salle de massage.
C’est fou comme parfois on se sent coupable de prendre du temps pour soi. Quand on vient se faire masser, on ne fait rien de mal : on s’octroie un moment où on reçoit, on s’autorise à lâcher et on accepte qu’une autre personne s’occupe de tout, de nous.
Mais dans ce monde où le faire est plus valorisé que l’être c’est difficile d’accepter cette parenthèse. Pourtant elle est essentielle à notre équilibre.
Ces deux personnes se retrouvent ici parce que leurs proches les ont « forcées ». En fait, elles ont reçu un bon cadeau et connaissant leur tendance à toujours remettre leur bien-être au second plan, leurs amis ont planifié la séance.
Au moment du rendez-vous, je sens qu’aucun des deux n’est à l’aise. Le premier reste plutôt silencieux. Il ne me partage pas grand-chose, je le vois scruter la cabine dans ses moindres détails, comme pour chercher une sortie. Je sens de l’anxiété en lui. Tel un poids qui presse mon diaphragme et qui m’empêche de respirer convenablement.
Tandis que la deuxième cache son embarras en parlant. Beaucoup. Son débit est rapide, son énergie débordante, j’ai presque du mal à la canaliser.
Pour l’un comme pour l’autre, être ici représente un effort. Une transgression presque.
Et pourtant, je remarque (avec joie!) que leurs visages à la fin du soin se sont transformés. Après le massage ils me parlent de cette difficulté à s’occuper d’eux mêmes. De ce sentiment de culpabilité, de penser qu’on n’a pas le droit de s’octroyer un moment pour soi, d’offrir à notre corps et notre esprit un instant de relâche. Comme si c’était un luxe qu’ils ne méritaient pas.
Et ils ajoutent que finalement ils ont adoré et se promettent de revenir.
Leur témoignage résonne en moi. Je suis reconnaissante d’avoir pu leur offrir cette parenthèse. Je souhaite de tout cœur que cette séance soit une première pierre posée sur le chemin du mieux-être qu’ils méritent de s’offrir.
Car s’autoriser à recevoir, c’est aussi apprendre à s’aimer ❣️
